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09 / 05 / 2017

Alerte: contribution patronale sur les attributions gratuites d’actions, enfin un droit a la restitution

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DĂ©cision du Conseil Constitutionnel du 28 avril 2017 – QPC des 8 et 9 fĂ©vrier 2017
Contribution patronale due lors de l’attribution d’actions gratuites : L’absence de restitution de la contribution patronale sur les attributions gratuites d’actions en cas de non-attribution dĂ©finitive des actions aux bĂ©nĂ©ficiaires n’est pas conforme Ă  la Constitution

Dans le cadre d’une question prioritaire de constitutionnalitĂ© transmise Ă  la fois par le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation en fĂ©vrier 2017, le Conseil Constitutionnel a statuĂ© le 28 avril 2017[1], sur la conformitĂ© Ă  la Constitution des dispositions du paragraphe II de l’article L.137-13 du code de la sĂ©curitĂ© sociale, dans sa rĂ©daction issue de la loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale pour 2008[2].

En vertu des dispositions prĂ©citĂ©es, la dĂ©cision d’attribution d’actions gratuites entraĂźne pour l’employeur des bĂ©nĂ©ficiaires de l’attribution l’exigibilitĂ© d’une « contribution patronale ». Au cas particulier des plans d’actions gratuites concernĂ©s par ces dispositions[3], la contribution patronale Ă©tait exigible dĂšs le mois suivant la dĂ©cision d’attribution des actions, alors que l’attribution n’était que conditionnelle et par consĂ©quent non dĂ©finitive.

L’attribution des actions dĂ©clenchant cette exigibilitĂ©, le versement de cette contribution patronale Ă©tait dĂ©finitif, sans possibilitĂ© de restitution en cas de caducitĂ© de l’attribution des actions. En effet, une jurisprudence constante de la Cour de cassation confirmait que l’employeur n’était pas fondĂ© Ă  obtenir la restitution de la contribution patronale correspondante en cas d’absence d’acquisition effective des actions.

Les 8 et 9 fĂ©vrier 2017, une question prioritaire de constitutionnalitĂ© Ă©tait transmise au Conseil constitutionnel par la Cour de Cassation et par le Conseil d’Etat, mettant en cause la conformitĂ© de ces dispositions au regard du principe d’égalitĂ© devant la loi et devant les charges publiques. Les requĂ©rants soutenaient que le fait de lier l’exigibilitĂ© de la contribution patronale uniquement Ă  la dĂ©cision d’attribution, indĂ©pendamment de l’acquisition effective des actions, Ă©tait contraire aux principes constitutionnels prĂ©citĂ©s.

Statuant le 28 avril dernier, le Conseil constitutionnel Ă©nonce que le lĂ©gislateur peut prĂ©voir l’exigibilitĂ© de la contribution patronale avant l’attribution effective des actions, mais que l’employeur ne peut ĂȘtre imposĂ© Ă  raison de rĂ©munĂ©rations non effectivement versĂ©es  « sans crĂ©er une rupture caractĂ©risĂ©e de l’Ă©galitĂ© devant les charges publiques ». Le Conseil en conclut que « les dispositions contestĂ©es ne sauraient faire obstacle Ă  la restitution de cette contribution lorsque les conditions auxquelles l’attribution des actions gratuites Ă©tait subordonnĂ©e ne sont pas satisfaites ».

Ainsi, selon le Conseil Constitutionnel, lesdites dispositions ne sont pas contraires Ă  la Constitution dĂšs lors que l’employeur est mis en mesure de rĂ©clamer le remboursement de la contribution qu’il considĂšre indĂ»ment payĂ©e du fait de l’absence d’acquisition dĂ©finitive de tout ou partie des actions au titre desquelles la contribution a Ă©tĂ© acquittĂ©e Ă  la date d’attribution.

Dans ce contexte, afin de préparer les éventuelles demandes de restitution, il convient dans un premier temps:

  • D’identifier, pour chacun des plans dont vos salariĂ©s ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, le nombre d’actions non acquises dĂ©finitivement;
  • D’estimer en consĂ©quence le montant correspondant de la contribution patronale acquittĂ©e, susceptible, sous rĂ©serve des dĂ©lais de prescription, de faire l’objet d’une demande de restitution.

La question du dĂ©lai de rĂ©clamation n’est pas clairement tranchĂ©e par la dĂ©cision du Conseil Constitutionnel.

Ce dĂ©lai pourrait en effet partir soit de la date de paiement de la contribution, auquel cas de nombreuses demandes pourraient d’ores et dĂ©jĂ  ĂȘtre prescrites, soit de la date de la rĂ©alisation effective ou non des conditions pour l’acquisition dĂ©finitive des actions.

[1] Décision n° 2017-627/628 QPC du 28 avril 2017
[2] Loi n° 2007-1786 du 19 décembre 2007 de financement de la sécurité sociale pour 2008
[3] Actions attribuĂ©es en vertu d’une dĂ©cision intervenue antĂ©rieurement Ă  l’adoption de la loi n° 2015-990 du 6 aoĂ»t 2015 pour la croissance, l’activitĂ© et l’Ă©galitĂ© des chances Ă©conomiques dite « loi Macron »

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